Tchad
Appel à mobilisation

Tchad. L’opposant Robert Gam, porté disparu.

Robert Gam, Secrétaire général du Parti socialiste sans frontières (PSF), a disparu depuis le 20 septembre 2024, suscitant de vives inquiétudes parmi ses proches et au sein de la communauté tchadienne. Selon les déclarations de son parti, Robert Gam aurait été enlevé par les services de sécurité tchadiens.
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Le 24 / 10 / 2024

Mobilisons-nous auprès des autorités tchadiennes pour leur demander de retrouver l'opposant Robert Gam !

Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale au Président de la République du Tchad ou  par voie électronique !

 

Qu’est-il arrivé à Robert Gam ?

La dernière fois qu’il a été vu, Robert Gam quittait le siège du Parti socialiste sans frontières (PSF) à N'Djamena, peu après 17 heures, sur sa moto. C’était le 20 septembre 2024. Depuis lors, il n’a donné aucun signe de vie. Sa famille ainsi que les membres du PSF ont cherché désespérément des informations à son sujet, se rendant dans des hôpitaux, des commissariats, et divers autres lieux susceptibles d’accueillir des personnes en détention, sans succès. Le mutisme des autorités tchadiennes concernant cette mystérieuse disparition ne fait qu'accroître les inquiétudes et des soupçons de disparition forcée. Cette absence de communication alimente les craintes d'une volonté délibérée d'étouffer les voix dissidentes du PSF au Tchad, rappelant des précédents tragiques, comme la disparition forcée de l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh, survenue en février 2008, dont on n’a jamais retrouvé la trace.

Un parti d’opposition réprimé depuis des mois

La disparition de Robert Gam intervient dans un contexte de tensions entre le PSF et le gouvernement tchadien. Ce parti, qui s'oppose fermement aux méthodes autoritaires du régime en place, avait récemment donné un ultimatum d’un mois au gouvernement tchadien pour libérer la vingtaine de militants du PSF arrêtés en février 2024 lors de l'assaut du quartier-général du parti à N’Djamena, au cours duquel leur leader, Yaya Dillo avait été tué par balle, vraisemblablement exécuté sommairement à bout portant. Lors d’une conférence de presse le 14 septembre 2024, Robert Gam avait annoncé que des manifestations à l'échelle nationale seraient organisées si leur demande de libération n'était pas satisfaite dans le mois.

Peu avant la disparition de Robert Gam, des membres du PSF ont remarqué la présence de véhicules suspects et de motos sans plaques d'immatriculation aux abords du siège du parti. Ces éléments sont interprétés comme des signes d'une surveillance accrue et d'intimidations dirigées contre le parti et ses membres.

La disparition de Robert Gam soulève des questions pressantes sur la liberté d'expression et les droits politiques au Tchad, un pays où les méthodes répressives s’intensifient à chaque fois que l’opposition cherche à faire valoir ses droits et libertés. Il est impératif que la communauté internationale agisse de manière plus décisive pour soutenir les droits des opposants et mettre fin à l'impunité qui règne au Tchad. La réaction de la communauté internationale sera cruciale pour retrouver Robert Gam sain et sauf.

Contexte

Le Parti socialiste sans frontières (PSF), est un parti d’opposition qui fait l’objet de mesures répressives et d’une surveillance accrue des autorités tchadiennes. En février 2022, un tournant tragique s'est produit lorsque les forces de défense et de sécurité ont assiégé leur quartier-général à N'Djaména. Cet assaut a été marqué par une violence extrême, avec un usage d’armes de guerre et de tirs à balles réelles, illustrant la répression systématique dont sont victimes les partis d'opposition lorsqu’ils entendent jouir de leurs droits et libertés politiques en toute indépendance. Les forces de défense et de sécurité ont vraisemblablement l'exécuté sommairement le leader du PSF Yaya Dillo. A la suite de l’assaut, plus d’une vingtaine de militants du PSF ont été arrêtés, sans mandat, et placés en détention au secret. Les témoignages d'anciens détenus ayant séjourné au sein de la prison de Koro-Toro, où sont actuellement détenus les membres du PSF, font état de torture et de traitements inhumains au sein de cet établissement pénitentiaire. Les arrestations, détentions, disparitions forcées, actes de violence, menaces et intimidations perpétrés par les forces de défense et de sécurité tchadiennes à l’encontre des dirigeants, membres et sympathisants du PSF ont conduit à un climat de peur et de méfiance parmi les militants du parti d’opposition et d'autres acteurs de l'opposition.

Un manquement aux obligations légales des autorités tchadiennes

Les autorités tchadiennes ont, jusqu’à aujourd’hui, failli à leur devoir de garantir l'intégrité physique et psychologique des dirigeants, membres et sympathisants du PSF et à leurs obligations de leur rendre justice. Les enquêtes promises sur l’assaut du quartier-général du PSF et sur la mort de Yaya Dillo n’ont jamais vues le jour. Les décisions des tribunaux semblent être influencées par le pouvoir exécutif, et les mécanismes de justice sont souvent détournés pour servir les intérêts politiques du régime.

La répression systématique de l'opposition, les violations du droit à la liberté d'expression et les procédures judiciaires inéquitables sont des aspects récurrents de la gouvernance actuelle au Tchad.

Une communauté Internationale aphone

L'Union Européenne et certains pays occidentaux, tels que les États-Unis, ont à plusieurs reprises exprimé leur préoccupation quant à la répression des droits humains au Tchad ces dernières années, bien que la France, partenaire privilégié des autorités tchadiennes depuis plusieurs décennies, le fasse rarement. Toutefois, aucune réelle pression internationale coordonnée n’a été mise en œuvre afin de contraindre la junte militaire à respecter les droits humains des opposants tchadiens. L'Union Africaine a, pour sa part, pris une position prudente, mettant souvent l'accent sur la nécessité de la stabilité politique plutôt que sur le respect des droits humains. Cette attitude permissive de la communauté internationale face aux violations des droits humains commises au Tchad a contribué à un sentiment d'impunité au sein des autorités tchadiennes et a permis au régime tchadien de poursuivre ses pratiques répressives sans craindre de répercussions.

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