Les journalistes Sandra Muhoza et Floriane Irangabiye doivent être libérées !
Mobilisons-nous pour demander la libération de Sandra Muhoza et Floriane Irangabiye !
Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et retournez-la par voie postale ou par voie électronique à la ministre burundaise de la Justice !
Qui est Sandra Muhoza ?
Sandra Muhoza, 42 ans, est journaliste, correspondante à Ngozi pour le journal en ligne La Nova Burundi, un média réputé comme étant relativement proche du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD). Ancienne correspondante de Bonesha FM et ancienne journaliste de Ntumbero FM, une radio locale basée à Ngozi, Sandra Muhoza est qualifiée par ses pairs de « journaliste engagée pour une information libre et indépendante ».
Quelques jours seulement après avoir fait des commentaires sur un groupe privé WhatsApp «Burundi Médias», à propos d’un article faisant état d’une distribution présumée de machettes par le CNDD-FDD à des jeunes Imbonerakure – jeunes militants de ce parti – à travers le Burundi, Sandra Muhoza est arrêtée le 12 avril 2024 à Ngozi, par le commissaire du Service national de renseignements (SNR). Elle avait alors indiqué avoir été informée de ces faits.
Mise en cellule au commissariat de police de Ngozi, puis transférée le soir même à Bujumbura, sa famille reçoit le 13 avril 2024, après 24 heures sans nouvelles,un SMS depuis le téléphone de la journaliste, indiquant qu’elle est détenue au SNR de Bujumbura. Le 18 avril, Sandra Muhoza est placée sous mandat de dépôt à la prison centre de Mpimba, située à Bujumbura, pour « atteinte à la sécurité de l’État et d’aversion ethnique ». Le 22 avril, elle comparait pour la première fois devant un magistrat. Les lourdes charges retenues à son encontre sont aberrantes et disproportionnées par rapport aux commentaires privés qu’elle a fait. Cette procédure judiciaire à l’encontre d’une journaliste burundaise ne vise qu’à museler les voix indépendantes et critiques, et à instaurer un climat de peur et l’autocensure au sein de la profession de journaliste. Sandra Muhoza risque la prison à vie.
Qui est Floriane Irangabiye ?
Floriane Irangabiye est chroniqueuse et animatrice sur Radio Igicaniro, un média en ligne burundais qui diffuse depuis le Rwanda. Elle est détenue de manière arbitraire depuis fin août 2022 et purge une peine abusive de dix ans de prison pour« atteinte à la sécurité nationale » , pour avoir animé en août 2022, une discussion avec deux détracteurs des autorités burundaises et d’avoir, au cours de ce débat, critiqué le gouvernement burundais.
Le 30 août 2022, Floriane Irangabiye, est arrêtée à Matana, dans le sud du Burundi, par des agents du Service national de renseignement (SNR). Deux mois plus tard, elle est officiellement accusée d’avoir « porté atteinte à l’intégrité du territoire national ». Le 3 janvier 2023, Floriane Irangabiye est condamnée à dix ans de prison ferme avec une amende de 1 000 000 de francs burundais (environ 320 euros) pour avoir « porté atteinte à l’intégrité du territoire national ». Elle est reconnue coupable d’avoir animé, en août 2022, une discussion avec deux détracteurs des autorités burundaises, et d’avoir au cours de ce débat critiqué le gouvernement burundais, encourageant ainsi les Burundais à s’opposer aux autorités. Ses avocats ont fait appel.
Le 2 mai 2023, la Cour d’appel de Mukaza confirme la décision du tribunal de première instance, sans traiter le fond de l’affaire. Le 13 février 2024, la Cour suprême rejette le pourvoi en cassation introduit en juin 2023 par les avocats de Floriane Irangabiye. La Cour suprême juge infondées la dénonciation d’irrégularités dénoncées par la défense. Pour le Président de l’ACAT-Burundi, Maître Armel Niyongere « Cette décision de la plus haute juridiction du pays de rejeter le pourvoi de la journaliste Floriane Irangabiye, une décision prise au terme d’une parodie de justice, met en lumière la manipulation du système judiciaire par les autorités pour faire taire les voix critiques ».
Le 17 avril 2024, la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseur(e)s des droits humains et d’autres experts des Nations Unies ont transmis au gouvernement du Burundi une communication dans laquelle ils font état d’une « détention présumée arbitraire » à propos de Floriane Irangabiye.
Contexte
Les détentions de Sandra Muhoza et de Floriane Irangabiye illustrent la réalité de la profession de journaliste au Burundi. Ils sont contraints à l’autocensure sur certains sujets pour éviter les représailles du pouvoir en place.
Depuis la tentative de coup d’Etat de mai 2015, le verrouillage de l’espace médiatique et civique est constant au Burundi. Une centaine de journalistes ont été contraints à l’exil. La plupart des médias indépendants ont été interdits ou ont dû fermer leurs portes. L’arrivée au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye en 2020 s’est rapidement accompagnée de la libération de plusieurs journalistes arbitrairement emprisonnés. Plusieurs médias indépendants, à l’instar d’Iwacu, ont pu reprendre leurs activités au Burundi mais ils demeurent soumis à une forme d’autocensure. Le Conseil National de la Communication (CNC), censé garantir la promotion de la liberté de la presse, apparaît davantage comme un organe de contrôle visant à entraver tout débat public critique à l’endroit des autorités au pouvoir.
Pour l’année 2024, le Burundi est classé 108 sur 180 pays dans le monde en matière de liberté de la presse par l’ONG Reporters sans frontières. Pour cette dernière « malgré quelques signaux favorables envoyés par le président Évariste Ndayishimiye, l’environnement reste encore très hostile pour l’exercice du journalisme au Burundi ».